
Alexandre GINOYER
Président du Comité mondial pour les apprentissages tout au long de la vie.
Plutôt que des regrets, seuls sont utiles les enseignements que nous pouvons tirer de la situation actuelle pour changer l’avenir… en mieux.
Quel mieux ? Si c’est pour faire repartir une économie qui avilit l’humain et détruit la planète, autant prolonger ce confinement qui marque une pause pour notre pauvre et unique Terre et pour nous, généralement aveuglés par l’activisme. Pause inattendue qui nous offre une possibilité de se poser, de réfléchir, de revenir à l’essentiel, de prendre soin de nous-même, de notre corps, de notre esprit, de nos proches, d’être à l’écoute de nos ressentis, de nos envies, de s’ouvrir au monde, à l’art, de faire des actions altruistes…
Avons-nous suffisamment été éduqués-formés à cela ? Ne nous a-t-on pas plutôt bourré la tête avec des savoirs essentiellement destinés à passer des concours pour s’en sortir mieux que les autres, laissant sur le côté les plus démunis, en trouvant cela normal ? Notre société ne nous engage-t-elle pas à enfouir nos sentiments, surtout lorsqu’il s’agit de compassion, de peur légitime, de colère même justifiée, de peine, de joie, d’amour véritable ? A ne pas réfléchir sur le vrai sens des choses, et surtout des vies : ce que chacun aspire à vouloir être et faire de sa vie, de son passage sur cette Terre ?
A quand est remise cette réflexion ? L’accélération des morts et le danger qui rôde nous rappellent brusquement qu’il ne faut pas remettre à plus tard les questions essentielles, et donc les apprentissages essentiels : prendre soin de soi et des autres, chercher à se connaître et s’épanouir comme un être unique, être utile aux autres, respectueux de la planète… Vivre en société s’apprend, amener chacun à comprendre et accepter le jeu des droits et des devoirs aussi. Il y aurait beaucoup moins de gens dans les prisons et beaucoup plus de solidarité, et pas seulement dans les moments de catastrophes.
Ce sera dur. Les systèmes sont rouillés. Il nous faut passer de systèmes verticaux à des modes collaboratifs, respectueux de tous, faisant de la diversité une chance, une source d’innovation. Le Corona donne un coup de phare aveuglant sur un changement qui avait commencé. Car nous n’avons pas attendu ce fléau pour nous poser quelques questions : jusqu’à quand accepterons-nous qu’une infime minorité de personnes s’enrichisse colossalement sur le dos de populations entières ? Quel sens cela a-t-il, pour les uns comme pour les autres ? Jusqu’à quand accepterons-nous de détruire notre mère-terre si généreuse ? A quel moment se produira la prise de conscience globale que notre présent comportement collectif est suicidaire ? Il est une question d’éducation de former les personnes à développer leur sentiment d’appartenance à une humanité globale, leur sens de la responsabilité, leur sens critique pour ne pas gober les fake-news qui passent, leur capacité de résilience et d’imagination, leur bon sens, tout simplement.
Nous ne sommes pas prédestinés. Chacun peut évoluer, se doit de chercher à devenir la meilleure version de lui-même mais il ne peut le faire tout seul. Nous sommes des êtres sociaux. Alors c’est dès le plus jeune âge que les bons enseignements doivent êt